34

 

Le lendemain, Jokahn, averti par les rescapés, revint à Mallia. Il ne restait du village que des décombres qui achevaient de se consumer. Les corps des quatre hommes tués gisaient sur la grève. La mort dans l’âme, le vieux mage parcourut le village détruit, s’étonnant malgré tout du nombre restreint de victimes. Il en conclut que les défenseurs n’avaient pas résisté longtemps et que le massacre n’était pas le but recherché par les assaillants.

— Ils ont besoin d’esclaves, grogna-t-il. Si au moins nous savions qui nous a attaqués…

Un désespoir intense l’envahit. Il étudia la petite troupe qui l’entourait. Ils ne pouvaient même pas envisager d’organiser une expédition destinée à libérer les leurs. Sur la centaine d’habitants que comptait le village, seuls restaient neuf femmes qui avaient fui sur l’ordre de Tash’Kor, et la vingtaine de guerriers et d’esclaves qui l’avaient accompagné la nuit précédente. Tous étaient de redoutables guerriers, même les femmes, que les circonstances avaient transformées en de solides combattantes. Mais seule une armée importante avait ainsi pu capturer la quasi-totalité de leurs compagnons. Et surtout, où avaient-ils été emmenés ?

— Qu’allons-nous devenir ? demanda une jeune femme à ses côtés.

Décontenancé, Jokahn fit quelques pas parmi les ruines encore fumantes. Les visages se tournaient vers lui, quêtant une réponse, un espoir. Mais le vieil homme n’était pas préparé à prendre en main le destin d’un peuple, aussi modeste fut-il. Il était né pour conseiller son seigneur, l’éclairer de sa sagesse, modérer son orgueil et le soutenir pendant les moments de désespoir. Lui-même ne possédait pas l’autorité suffisante pour diriger ces hommes désemparés.

— Je… je crains que nous ne puissions rien faire pour sauver notre seigneur, répondit-il enfin. Nous aurions dû écouter ceux d’Antron, et nous établir à l’intérieur des terres. Mais cette baie semblait tellement accueillante…

Un secours inattendu lui vint en la personne de Leeva, la jeune femme qui l’avait interrogé. Elle n’était qu’une servante, une femme du peuple chypriote. Mais, malgré son jeune âge, environ vingt-cinq ans, elle bénéficiait d’une forte personnalité. Elle avait compris que le vieux mage se sentait désarmé devant les événements. Elle avait beaucoup d’affection pour lui. Elle déclara :

— Nous devrions récupérer tous les objets et outils qui peuvent être sauvés et nous réfugier à Antron. Nous demanderons l’hospitalité à ses habitants. Après tout, ils nous ont accueillis avec bienveillance, et chacun de nous commence à parler un peu leur langue.

— La sagesse parle par ta voix, Leeva, confirma Jokahn. Nous allons agir ainsi que tu le dis.

— Si les dieux nous en laissent le temps, souffla-t-elle d’une voix blanche.

Elle avait tourné les yeux vers la mer. Un navire venait d’apparaître, qui contournait lentement la pointe orientale de la baie.

— Ils reviennent nous chercher ! Il faut fuir ! s’exclama un esclave.

— Je le reconnais, renchérit un guerrier. C’est… le bateau égyptien, celui qui nous poursuivait.

— Mais alors… il n’a pas été détruit, dit Jokahn. Khirâ a pleuré son frère à tort.

— Ce sont eux qui ont détruit le village ! insista le soldat. Ils nous ont retrouvés, et ils se sont vengés.

— C’est ridicule, rétorqua Leeva. Ils sont à peine plus nombreux que nous. Les nôtres auraient opposé une résistance plus importante. Et puis, pourquoi reviendraient-ils sur les lieux ?

— Elle a raison, ajouta une autre femme. Mais ils sont nos ennemis, eux aussi. Nous ferions mieux de fuir.

— Non ! s’exclama Jokahn. Nous allons rester ici. Le prince Seschi désirait seulement reprendre sa sœur. Il gardait rancune à notre seigneur Tash’Kor. Mais c’est un homme juste. Il nous épargnera. Nous devons aussi l’attendre pour une autre raison : s’il existe une chance de délivrer les nôtres, c’est lui qui la détient. Son équipage est puissant. Nous devons lui proposer notre alliance.

— À condition qu’il accepte, répliqua le soldat d’un ton sceptique.

— Il nous aidera, reprit Jokahn. Nos ennemis sont aussi les siens. N’oubliez pas qu’ils ont enlevé sa sœur.

Mais, comme le navire se dirigeait vers la grève, quelques personnes commencèrent à reculer vers la forêt.

— Restez ici ! tonna la voix de Leeva. Jokahn a raison. Nous devons nous allier aux Égyptiens.

Après quelques hésitations, les peureux revinrent, domptés par le ton ferme de la jeune femme. Jokahn poussa un soupir de soulagement.

— Je vais m’avancer vers lui, dit-il. Vous resterez en arrière, S’il se montre hostile, fuyez et réfugiez-vous à Antron. Cela voudra dire que je me suis trompé.

— Je vais avec toi, décréta Leeva. Si ce prince est un homme d’honneur, ce que je crois, il n’osera pas frapper un vieil homme et une femme.

— Je l’espère, répondit Jokahn avec une moue dubitative. Encore que les lois de la Grande Verte ne me semblent pas toujours inspirées par l’honneur.

Le navire avait touché terre. Sur la plage, les Égyptiens commençaient à débarquer. Parmi eux, Jokahn reconnut la silhouette de Tayna, toujours aussi féline. Une violente colère l’envahit, qu’il maîtrisa à grand-peine. Il n’avait jamais aimé cette fille. Il comprenait à présent qu’elle les avait trahis. Elle avait disparu à la hauteur de Per Bastet, deux jours après leur départ de Mennof-Rê. Sans doute avait-elle compris que Tash’Kor ne tuerait jamais Khirâ, et, par dépit, elle avait décidé de le vendre aux Égyptiens. Mais au fond, cela n’avait plus grande importance désormais.

 

Lorsque Seschi aperçut l’homme et la femme se dirigeant vers lui, il connut un instant de pur désespoir. Les pêcheurs capturés le matin même n’avaient pas menti : un village côtier avait bien été attaqué la veille par une flotte provenant de la lointaine partie occidentale de l’île. Un village construit peu de temps auparavant par des étrangers venus d’Orient. Seschi en avait immédiatement déduit qu’il s’agissait des Chypriotes. Mais les autres révélations des pêcheurs l’inquiétaient encore plus.

L’homme âgé n’était autre que le mage accompagnant ce chien de Tash’Kor. La jeune femme qui lui tenait le bras lui était inconnue. Derrière, au milieu des ruines fumantes, le petit groupe apeuré des survivants se tenait prêt à fuir à la moindre alerte. Il fit un signe à Khersethi pour que les guerriers ne brandissent pas leurs armes. Apparemment, les Chypriotes survivants voulaient parlementer.

Parvenu devant lui, Jokahn se prosterna.

— La bénédiction des dieux soit sur toi, Seigneur.

Seschi examina le vieil homme avec méfiance.

Mais le regard de son interlocuteur respirait la franchise. Il n’avait devant lui qu’un vieillard désemparé par le drame qui venait d’anéantir son peuple. D’une nature généreuse et protectrice, Seschi n’eut pas le cœur de faire preuve de dureté à son égard.

— Où est ma sœur ? demanda-t-il d’une voix anxieuse.

— Hélas, tu arrives trop tard. Notre village vient d’être détruit par un ennemi inconnu.

— Je le sais.

Devant le regard étonné de Jokahn, il expliqua :

— Ce matin, nous avons capturé des pêcheurs qui nous ont tout raconté. J’avais espéré que Khirâ était parvenue à s’enfuir, mais je me suis trompé.

— La princesse Khirâ a été emmenée, ainsi que mes jeunes maîtres, Seigneur !

— Ceux-là, tonna Seschi, je voudrais les tenir au bout de mon glaive.

Jokahn se redressa et défia Seschi du regard.

— Ne les juge pas sévèrement, Seigneur. C’est ta sœur elle-même qui a demandé au prince Tash’Kor de quitter Kemit en l’emmenant avec lui. Pour elle, il a sacrifié l’hospitalité et la sécurité que l’Horus lui avait généreusement accordées, et il est parti, sachant bien qu’il encourait la colère de ton père.

Aux côtés de Seschi, Tayna explosa :

— Tu mens ! Il voulait la tuer !

Jokahn ne se départit pas de son calme. Sans regarder la jeune femme, il répondit :

— C’est parfaitement exact, Seigneur. Mon maître, contre l’avis même de son frère Pollys, et contre le mien, désirait tuer la princesse Khirâ afin de se venger des souffrances endurées par notre peuple en raison du refus de l’Horus de nous aider pendant la sécheresse. Mon maître avait le cœur dévoré par la haine. Mais toi-même aurais réagi de la même manière, Seigneur. Il a vu sa mère, la douce Mallia, mourir lentement de faim à la suite du coup d’État de l’infâme Khoudir. Celui-là est le véritable ennemi de Kemit. Il a partie liée avec les pirates. Mon défunt maître Mokhtar-Ba luttait contre eux. Mais Khoudir a triomphé, et nous avons dû fuir, poursuivis par les hordes barbares du traître. Cent fois nous avons failli être capturés et massacrés. Nous ne trouvions refuge que dans les gorges arides les plus reculées de l’île, tentant désespérément de nous emparer d’un navire pour fuir Chypre. C’est au cours de cette fuite que Mallia a péri. Dans l’esprit de Tash’Kor, le responsable de ce drame était ton père. Il était persuadé que si Mokhtar-Ba avait pu rapporter des vivres en suffisance, Khoudir n’aurait pas réussi à le renverser. Mais le peuple hurlait de faim. Il s’est emparé de Mokhtar-Ba et l’a dévoré après l’avoir fait rôtir comme un vulgaire mouflon.

Seschi serra les dents.

— J’ignorais cette histoire. Mais cela ne l’excuse pas à mes yeux.

— Je ne cherche pas à l’excuser. Je t’explique les raisons de sa haine. Il n’a jamais pardonné la terrible agonie de sa mère. Et il n’est venu en Égypte que pour la venger. Il désirait la mort de Khirâ. Je désapprouvais son dessein, mais je pouvais le comprendre. Alors, je suis resté près de lui, pour tenter de lui ouvrir les yeux. Lorsque Khirâ lui a proposé de l’enlever, elle ignorait qu’elle tombait entre ses griffes.

Il fixa Tayna dans les yeux.

— Mais jamais je ne l’aurais abandonné. Il était mon seigneur, et je lui devais fidélité.

— Ce qui fait de toi son complice, gronda Seschi.

— Non, Seigneur. Je voulais le protéger de sa folie. J’espérais qu’il viendrait un moment où il cesserait d’être aveugle. Sa haine l’empêchait de comprendre qu’il aimait ta sœur autant qu’elle l’aimait. Enfin, Cypris m’a exaucé, et l’a inspiré ; il s’est rendu compte de son erreur. À Busiris, il n’a pas pu tuer la princesse Khirâ. Sa haine a disparu. Il a compris les raisons qui avaient poussé Djoser à refuser son aide, et il les a approuvées. Comme tu le vois, tout cela n’était qu’un stupide malentendu. Mais il était déjà trop tard : notre navire avait fui le Double-Royaume, et tu t’étais lancé à notre poursuite. Je voulais le convaincre de revenir à Mennof-Rê lorsque cette flotte pirate nous a pris en chasse. Tu connais la suite. Ce dieu infernal les a détruits, il nous a sauvés des Barbares, mais nous avons cru jusqu’à aujourd’hui que ton navire lui-même avait été anéanti. Khirâ en fut bouleversée. Nous ne pouvions plus retourner à Kemit. Nous avons dérivé pendant plusieurs jours jusqu’à cette baie où nous avons décidé de nous établir.

Il écarta les bras en signe d’impuissance.

— Malheureusement, nous n’avons pas écouté les indigènes, qui nous avaient déconseillé de nous installer le long de la côte.

Il désigna les ruines.

— Ce village s’appelait Mallia, du nom de la mère de Tash’Kor et de Pollys. Il aura à peine vécu deux mois. Aujourd’hui, tout est perdu.

— Ton histoire ne m’inspire aucune pitié, vieil homme. Tu oublies une chose : ton maître a armé le bras qui a tué ma jeune sœur Inkha-Es !

— Non, Seigneur ! Je l’ai redouté moi-même un temps, mais je puis t’assurer que Tash’Kor n’a aucun rapport avec l’homme mystérieux décrit par le Sumérien. Celui-ci était notre prisonnier depuis la nuit où il avait tenté de s’introduire chez nous pour voler de la nourriture.

— Pourquoi dans ce cas ne pas l’avoir livré à la justice de l’Horus ?

— Ce criminel pouvait servir les projets de mon maître. Il espérait, grâce à lui, attirer la princesse Khirâ dans un piège. Il savait qu’elle désirait tuer personnellement l’assassin de sa sœur. Il lui a offert sa vengeance.

Tayna éclata de rire.

— Superbe cadeau en vérité ! Devant le Sumérien, elle a failli reculer. Elle n’avait même pas la force de lui planter son glaive dans les tripes. Il a fallu que Tash’Kor la force à le tuer !

Avant que Seschi n’ait pu réagir, Jokahn se rua sur elle et la gifla à toute volée.

— Tais-toi, infâme vipère ! Il a agi ainsi parce qu’il était partagé entre l’amour et la haine. Et cela lui brouillait l’esprit. Mais la réaction de Khirâ prouve sa noblesse d’âme. Tu n’aurais pas hésité, toi, à frapper ce criminel. Tu aurais même pris plaisir à lui donner la mort.

— Il n’a eu que ce qu’il méritait ! cracha Tayna.

— C’est exact ! Il a payé ses crimes, et de la main même de Khirâ.

Seschi leva la main pour faire taire les deux antagonistes.

— Ne détourne pas la conversation, vieil homme ! Si l’individu masqué qui a rendu visite au Sumérien peu avant son crime n’est pas ton maître, qui est-il ?

— Je l’ignore, Seigneur ! Tash’Kor m’a parlé. Sa haine l’avait abandonné. Je lui ai fait part de mes soupçons le concernant. Il m’a avoué n’avoir aucun rapport avec cet inconnu. Et je le crois ! ajouta-t-il avec ferveur.

— Tu le crois.

— Oui, Seigneur. Je connais son âme. Je l’ai élevé depuis son plus jeune âge. Il est capable du meilleur comme du pire. Mais il a le sens de l’honneur et du devoir. Peut-être serait-il allé jusqu’au bout de sa vengeance si la belle Cypris ne lui avait ouvert les yeux. Mais jamais il ne se serait attaqué à une petite fille. Si tu doutes de ma parole, Seigneur, prends ma vie à l’instant. Frappe-moi, car cela signifierait que je me suis trompé, et que j’ai servi un maître indigne.

— Il voulait tuer Khirâ, s’obstina Seschi.

— Il croyait la haïr parce qu’elle l’avait repoussé avec dédain lors de sa première visite. Il n’avait pas compris qu’elle était trop jeune à l’époque. Mais tout a changé. Khirâ n’était plus une fillette. Il pouvait en tirer vengeance. Cependant, depuis qu’il a abandonné ses projets de vengeance, jamais femme n’a été autant adulée que ta sœur. Elle était devenue la reine de notre petit peuple, et chacun ici l’aimait.

— C’est vrai, Seigneur, renchérit Leeva. Elle était devenue l’une des nôtres. Et plus d’une fois je l’ai vue pleurer ta mort.

— Ma mort ?

— Elle pensait que le dieu Typhon t’avait dévoré, Seigneur. Et elle s’en rendait responsable.

Seschi resta un moment silencieux. La sincérité du vieux mage le troublait. Ses paroles confirmaient ce que lui avait dit Neserkhet deux mois plus tôt. Tash’Kor ne pouvait être le monstre qu’il avait imaginé. Dans ce cas, jamais Khirâ ne l’aurait aimé. Et puis, comment ne pas croire ce vieil homme prêt à offrir sa vie pour son maître ?

Jokahn insista :

— Notre vie t’appartient, Seigneur. Nous ne sommes pas tes ennemis, bien au contraire. Nous aurions pu nous enfuir à ton arrivée. Dans la montagne, tu n’aurais pu nous retrouver. Mais nous sommes venus à toi, parce que nous désirons unir nos faibles forces aux tiennes. Je sais que tu vas te lancer à la poursuite de ceux qui ont enlevé Khirâ. Nous souhaitons que tu nous acceptes à tes côtés. Parce qu’elle est notre reine !

Seschi hocha la tête sans répondre. Il se tourna vers Hobakha et Khersethi.

— Qu’en pensent mes compagnons ?

— Je crois que cet homme dit la vérité, répondit Hobakha.

— Je partage son avis, confirma Khersethi. Et nous ne serons jamais trop nombreux pour lutter contre ceux qui ont pillé ce village.

— Encore faudrait-il savoir qui ils sont ! soupira Jokahn.

— Nous en avons une idée. L’un des pêcheurs que j’ai capturés a accepté de rester à bord pour me servir de guide. Il m’a appris ceci : cette terre est une grande île. Loin vers l’ouest existent des cités. Il pense que l’ennemi vient de là-bas.

— Les nôtres vont être transformés en esclaves, gémit le vieux mage.

Seschi ne répondit pas immédiatement.

— Je crains que ce ne soit pire. Cet homme a parlé d’un monstre terrifiant, auquel on jette les prisonniers en pâture.

La première pyramide III
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